Quelques pas en Inde

Inde

Comme des fourmis qui s’affairent, les voyageurs marchent, courent, dorment, rient ; l’avion s’arrache à la terre ou la fatigue se fait sentir, au beau milieu d’un immense hall.

Il y a du monde, l’aéroport grouille de personnes en quête de lendemains inédits et de nouveaux paysages. Le soleil, quant à lui, tente de faire passer quelques rayons à travers l’immense nuage de pollution. Ce n’est plus un mythe, une information jetée sur une page, car le danger est réel et l’horizon trop absent. À Delhi, les avions s’envolent bruyamment d’un côté et de l’autre, vers d’autres villes de l’Inde. En direction de chez soi ou d’un ailleurs parfois méconnu… L’imprévu, les espoirs cachés derrière la grisaille éphémère et le carrelage glissant, un premier passage vers un endroit si différent.

Un bout du monde dans un univers à l’opposé de nos contrées…

Une terre de contradictions, où les hommes en costume côtoient les plus démunis au milieu des animaux errants. La futilité se mêle au poids des maux à chaque coin de rue, mais pas de mésentente ! Dans ce monde où chacun garde l’espoir d’apercevoir le ciel un matin ; à la recherche d’eau salubre ou d’un léger menu à se mettre sous la dent. L’inégalité totale règne quand l’hôtel de luxe se pavane au pied des rues jonchées d’amertume. Plus loin, de majestueux palais se rengorgent, observant l’autre monde d’un œil distrait. Mais pas seulement ! Le précieux Taj Mahal tend les bras au monde entier, affirmant sa position de merveille du monde, quand les alentours respirent la détresse : le miracle dans l’océan de questions. Tout compte fait, l’incertitude à chaque pas…

La boue se dépose au pied des magasins clinquants dans lesquels s’alignent les produits de la mode, brillants mais inaccessibles aux premiers venus. Surprise : les si belles galeries marchandes de banlieue encerclent finalement le centre-ville, à la fois sidérant et suffocant. Quelques mètres plus loin, une vache passe son chemin tandis qu’un jeune chien rend son dernier souffle. La vie, ici, est un dédale de « peut-être » au cœur d’un chaos qui paraît sans fin. Quelle aventure pour vos rêves ?

Les klaxons résonnent non-stop, les singes tentent de chiper un repas, les ânes côtoient paisiblement les voitures, les cochons fouillent dans les tas d’ordures pour vivre un jour de plus. Un scooter, puis deux, puis six, puis un peuple entier qui circule calmement dans un vacarme hallucinant ; personne ne semble avoir peur. Des enfants mendient mais pas seulement, ils attrapent des bras et évoquent mille et une choses pour se faire entendre. Certains vivent le long des chemins de fer, avec un rail comme simple lit.

Il faudrait un Everest d’argent pour offrir un nouveau monde à ce monde…

Quand vient le soir, quelques feux s’élèvent au bord des routes ; il est l’heure de manger, ça sent drôlement bon dans ce brouillard de pollution. Si personne ne semble rire à gorge déployée, l’entente est cordiale et l’entraide fait fureur. Les rues se prolongent, laissant entrevoir des silhouettes allongées sur le sol : des hommes, mais sont-ils toujours vivants ?

Plusieurs travailleurs postés sur leur rickshaws cherchent les passants, certains attendent un semblant de salaire devant leur échoppe et d’autres se frayent un chemin sur fond de désordre. Les regards se veulent insistants, intrigués, mais notre marche se poursuit, sans jamais abandonner cet univers des yeux. Jamais sans demain… Pourtant, que savons-nous de l’avenir ? Les lumières brilleront un temps quand les saveurs d’antan auront rendu l’âme, avant ou après l’appel à la prière.

Rien n’est comme on l’imagine.

Encore moins ce monde qui a grandi avec d’autres règles, a suivi d’autres coutumes et a senti d’autres odeurs ; l’étranger ne comprend pas. Il entend, il voit et découvre, mais il ne sait jamais.

Au cœur de la ville survit le peuple, aux abords sourient les érudits. Le cercle sans fin du dédain ou de la chance : né(e) quelque part, avec la fatalité ou la fortune en toile de fond. Penser, avancer, marcher, se défendre, les jours freinent parfois les ardeurs et se ressemblent. Pour accepter son sort ? Chaque sourire se mérite dans la foule qui aime son pays et ses trésors.

De Delhi à Lucknow, le métro si brillant nous jette sur des rues complètement cassées, aux multiples activités le long des routes animées. Contraste : le bon mot. Un pays de disparités, du noir au blanc et du blanc au noir.

Et pourtant…

Des centaines de couleurs se dessinent dans le ciel à chaque échange, nous offrant un moment royal d’entente, quelles que soient les langues, les coutumes, les règles et les couleurs de peau. Une belle ronde quelque part sur Terre… À tout jamais.

Inde
Le fameux et si beau Taj Mahal...
Inde
... tandis qu'un autre visage se dessine à ses pieds.

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